Héra, déesse fidèle et vindicative

Plus tard identifiée par les Romains à Junon, Héra est la déesse du mariage et de la famille et la protectrice des femmes en couches - comme d'autres divinité du panthéon grec. Fille de Cronos et de Rhéa, Héra est, comme ses autres frères et sœurs, avalée dès sa naissance par son père, qui craint qu'un de ses enfants ne le détrône comme il avait lui-même détrôné son père.Libérée lors de la...

Avr 16, 2025 - 14:20
Héra, déesse fidèle et vindicative

Plus tard identifiée par les Romains à Junon, Héra est la déesse du mariage et de la famille et la protectrice des femmes en couches - comme d'autres divinité du panthéon grec. Fille de Cronos et de Rhéa, Héra est, comme ses autres frères et sœurs, avalée dès sa naissance par son père, qui craint qu'un de ses enfants ne le détrône comme il avait lui-même détrôné son père.

Libérée lors de la Titanomachie, qui voit la défaite de Cronos et de ses alliés, les Titans, contre la nouvelle génération de dieux, elle est la première victime du harcèlement sexuel de Zeus, son propre frère, qui se déguise en coucou pour la séduire.

Dès lors, ils forment, comme avant eux leurs parents et leurs grands-parents, Ouranos et Gaïa, le couple divin par excellence, matérialisant l'union entre le Ciel et la Terre.

 

SCÈNES DE MÉNAGE SUR L'OLYMPE

Le mariage entre Zeus et Héra est loin d'être sans nuages. Ainsi, on raconte que pour montrer à son mari qui a engendré Athéna sans son intervention qu'elle peut aussi se passer de lui, elle donne naissance à Héphaïstos, le dieu du feu et de la métallurgie. L'enfant lui paraît si laid cependant qu'elle le jette du haut de l'Olympe, en faisant à jamais un infirme, affligé d'une terrible boiterie.

Devenu adulte, Héphaïstos se venge en lui faisant cadeau d'un trône piégé : toute personne qui s'y assoit erste attachée au siège et ne peut s'en dégager. Sur les instances des autres dieux, Héphaïstos se laisse finalement fléchir et libère sa mère, contre la promesse, finalement jamais honorée, de le laisser épouser Aphrodite.

Très jalouse, Héra punit sévèrement les jeunes filles que son époux, doté d'un insatiable appétit sexuel, a séduites : elle poursuit ainsi de sa vindicte une de ses prêtresses, Io, que Zeus transforme en génisse pour la protéger. Alors, pour rendre folle l'infortunée Io, Héra lui envoie un taon qui la tourmente sans cesse de ses piqûres. 

Un jour, particulièrement excédée par les infidélités de son mari, elle demande l'aide des autres dieux pour ligoter Zeus dans son sommeil. Mais le maître de l'Olympe, libéré par les Hécatonchires, des géants chacun pourvu de cinquante têtes et cent bras, se venge à son tour en la suspendant par les pieds dans la grande salle de son palais, exposée aux moqueries de tous.

 

TOUJOURS VENGERESSE

Bien d'autres personnages font les frais du terrible caractère d'Héra, comme Héraclès - l'Hercule romain - fruit des amours de Zeus et d'Alcmène. Si le nouveau-né triomphe des serpents qu'Héra lui envoie pour qu'ils l'étranglent dans son berceau, la haine dont elle le poursuit finit par payer. Alors que le héros, devenu adulte, a épousé la fille du roi de Thèbes et en a eu cinq enfants, la déesse lui fait perdre la raison de sorte qu'il tue sa femme et toute sa progéniture.

C'est encore elle qui convainc l'un des cousins d'Héraclès, Eurysthée, roi de l'Argolide, de lui confier une série d'épreuves dont il finira par triompher brillamment : ce sont les douze travaux d'Hercule.

Qui offense Héra le paye cher : pour avoir donné raison à Zeus dans une querelle avec son épouse sur le fait de savoir qui, de l'homme ou de la femme, éprouve le plus de plaisir dans la relation sexuelle, le devin Tirésias est condamné par l'implacable déesse à la cécité.

Héra porte également la responsabilité dans le déclenchement de la guerre de Troie : offensée, comme Athéna, qu'Aphrodite ait été proclamée la plus belle lors du jugement de Pâris, elle se montre une ennemie implacable des Troyens lors de la guerre et encourage le sac de la ville.

 

VÉNÉRÉE PARTOUT

Pour autant, elle peut aussi se révéler une fidèle alliée. Elle fut ainsi la protectrice du héros Jason. 

Fils adoptif de Créthée, roi d'Iolcos en Thessalie, Pélias a suscité l'hositilité d'Héra en négligeant de lui offrir des sacrifices. Ayant usurpé le trône de son demi-frère, Éson, il vit dans la crainte depuis qu'un oracle lui a prédit que sa mort serait provoquée par un homme ne portant qu'une seule sandale. Cet homme ne sera autre que Jason, fils d'Éson, qui faisant route vers Iolcos pour récupérer son trône, aide une vieille femme à traverser une rivière et perd au passage sa sandale, emportée par les flots. La vieille femme est en réalité Héra déguisée. Elle ne cessera dès lors d'aider Jason qui s'est vu promettre par Pélias d'être rétabli dans ses droits pour peu qu'il rapporte la fabuleuse Toison d'or.

Humaine, trop humaine, Héra n'en est pas moins une déesse respectée, objet dans toute la Grèce d'un véritable culte. Plusieurs temples lui sont consacrés, dont celui d'Olympie, où on sacrifie des bovins en son honneur, et celui d'Argos, où trône une gigantesque statue de la déesse, toute d'or et d'ivoire. C'est dans ce temple que, chaque année, un rituel placé sous le patronage d'Héra garantit le retour des pluies au printemps, et donc la prospérité et la fécondité.

Si elle a le mauvais rôle dans la plupart des mythes, Héra, fière et indépendante, incarne les vertus du mariage et contribue, à sa manière, à la bonne marche du monde.